Progrès, croissance et bien-être : quelle idéologie pour quelle humanité?
Deux idées évidentes?
L'écologie se voit souvent opposer deux idées : le progrès et la croissance. L'écologie, pour ses détracteurs, c'est refuser le progrès, "retourner à la bougie" selon l'expression consacrée ou bien s'opposer à la croissance et remettre en cause cette source unique de tous les bienfaits. Or ces deux idées, progrès et croissance, souvent liées dans le discours dominant, sont loin d'être simples ou neutres : elles sont au contraire chacune l'idée centrale d'une certaine vision du monde, d'une idéologie. Une idéologie est un système d'idées qui constitue une vision du monde et de la société à une époque donnée. A une époque donnée signifie qu'une idéologie apparaît puis disparaît et que même des idéologies comme celles du progrès et de la croissance ne sont pas éternelles.
On a parlé à la suite de la chute du mur de Berlin d'une fin des idéologies, c'est une erreur. Il existe toujours des idéologies dominantes, dans toutes les sociétés, à toutes périodes et à tous niveaux. Le problème d'une idéologie vraiment dominante est qu'elle est par définition invisible : on ne peut pas voir une vision du monde puisqu'on voit à travers elle.
Progrès et croissance sont les deux idéologies dominantes et successives qui constituent nos visions du monde depuis le XVIIIe siècle, par dessus et par delà toutes les grandes idéologies politiques qui ont existé. Alors essayons de bien les comprendre pour voir comment construire une nouvelle vision du monde, plus écologique.
L'idéologie du progrès.
Le Moyen Age et les deux premiers siècles de l'époque moderne avaient pour but social le paradis. La plupart des organisations sociales (église, états, ordres monastiques, communautés...) voulaient soit permettre l'arrivée de cette société idéale à la fin des temps (parousie), soit recréer sur terre une société idéale et paradisiaque (utopie). L'intériorisation de la religion aux XVIe-XVIIe siècles a dissipé ce projet collectif et social laissant apparaître au XVIIIe siècle l'idée de progrès.
Ce sont les hommes des Lumières qui ont développé cette idée de progrès. Pour eux, l'homme est le seul animal capable de raison et de progrès, c'est-à-dire d'améliorer sa condition et de s'améliorer lui-même. L'homme doit s'efforcer de progresser dans tous les domaines : scientifique, technique, culturel, agricole, moral,... en suivant sa raison pour accéder au bonheur. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert témoigne de cette volonté d'intégrer tous les domaines à la progression de l'humanité. Ce progrès des Lumières est donc tout à fait ouvert et vise à l'épanouissement et au bonheur des hommes.
Le XIXe siècle a repris cette idée de progrès mais l'a totalement transformée pour en faire l'idée phare d'une idéologie. Ce siècle marqué par la Révolution industrielle a, à la fois, restreint et radicalisé l'idée de progrès. L'évolution technique rapide, visible et plus facile que le progrès moral ou l'amélioration du bien-être, a pris le devant de la scène et des consciences. Pour le XIXe siècle, le progrès est le progrès technique. On peut le quantifier, le mesurer, on le voit quand une innovation en supplante une autre, puis une autre, puis une autre... Cette évolution rapide des techniques ajoute une valeur au progrès : la vitesse. Le progrès se restreint donc : d'amélioration de l'homme et de sa condition dans tous les domaines, il devient la simple accélération des innovations. L'idée de progrès se recentre sur deux idées : technicité et vitesse. Le héros de cette idéologie, c'est l'ingénieur, même pas le scientifique car l'invention est lente quand l'innovation de l'ingénieur est rapide et efficace. Les sciences de cette idéologie du XIXe sont les sciences physiques qui permettent de définir des lois qui régissent la nature et qui permettent à l'ingénieur prométhéen de savoir quoi faire de son feu : de la vapeur, un train, un moteur à explosion, un moteur, un avion... toujours plus vite.
Ce progrès technique devient l'idée centrale et presque unique de toute la civilisation du XIXe et début XXe siècle. L'homme doit se consacrer uniquement à ce progrès technique qui de manière automatique améliorera la condition humaine, apportera le bonheur et même permettra le progrès moral de l'Homme. Plus besoin d'effort moral, plus besoin d'améliorer les autres domaines, plus besoin d'effort social, plus besoin de gérer la nature : le progrès technique fera le travail. Cette idée de progrès est au centre des grandes pensées politiques du XIXe siècle et début XXe siècle. Le libéralisme économique s'appuie dessus : pas besoin de répartir les richesses, concentrons la richesse dans l'innovation, le progrès technique améliorera ensuite la richesse globale. Les différentes pensées racistes comme le colonialisme ou même le racisme "scientifique" à la base du nazisme s'appuient sur cette idée de progrès distinguant les peuples capables de progrès techniques et ceux qui n'en sont pas capables. La pensée socialiste est aussi irriguée par l'idée de progrès technique et c'est même sur elle que les socialismes se divisent entre le courant marxiste et les socialismes dits utopiques comme celui de Proudhon. Pour ces derniers, organisons la société et la politique de manière équitable et décentralisée, chaque homme conservant son pouvoir et sa liberté et s'associant par le biais du contrat. Pour le marxisme, la société doit être centralisée et organisée par le haut pour que les dirigeants puissent favoriser le progrès technique qui permettra une progression de l'économie. L'enrichissement global de la société grâce au progrès permettra de passer du stade de mise en place ("à chacun la même chose") au stade du socialisme ("à chacun selon ses besoins").
Cette pensée techniciste éprise de vitesse que contient l'idée de progrès a débordé dans tous les domaines. En art on la retrouve dans un courant comme le futurisme auquel appartient le tableau de Russollo (ci-dessus) qui célèbre l'automobile et la vitesse. En agriculture, l'idéologie de progrès est au centre de l'idée, abérrante sans elle, de faire grandir un animal ou une plante deux fois plus vite. Le vivant doit se plier à la technique et la technique doit supprimer l'aléatoire inhérent au vivant. Une ferme usine ou une ferme hydroponique ne sont rien d'autre que l'application agricole de cette idéologie : traiter le vivant par le progrès technique pour supprimer l'aléatoire et gagner en vitesse.
Cette idéologie s'effrite avec la Seconde guerre mondiale qui montre à tous que le progrès technique, c'est aussi inventer la bombe atomique ou le zyklon B pour les chambres à gaz, c'est aussi tuer mieux et plus vite. Dans ces inventions, point de mieux-être ni de progrès moral de l'humanité. L'après 1945 remet donc en cause cette idéologie de progrès : le progrès technique n'est pas fondamentalement générateur de mieux-être, n'améliore pas automatiquement l'être humain et sa condition. Depuis 1945, notre société est donc revenue en partie sur cette idéologie de progrès. Pour le plus grand nombre, le progrès technique n'est pas fondamentalement bon, il est ce que l'homme en fait. On revient à ce que Rabelais pensait au XVIe siècle : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Pourtant, cette idéologie du progrès perdure chez beaucoup. Le "on ne va pas revenir à la bougie" qu'on oppose aux écologistes quand on ne les a pas compris montre cet attachement au progrès. Revenir en arrière n'est pas possible et cette idéologie du progrès ou ce qu'il en reste, impose d'aller de l'avant, le plus vite possible, en plaçant toujours plus d'espoir dans la technique et uniquement elle. On retrouve cette idéologie dans certains mouvements qui veulent utiliser cette vieille ficelle du progrès contre la crise écologique globale que nous vivons. Contre la fin du pétrole, de nouveaux moteurs ou de nouveaux procédés d'extraction. Contre le réchauffement climatique, disperser dans l'atmosphère des particules réfléchissantes qui renverraient le rayonnement solaire dans l'espace. Contre la faim et l'impératif de nourrir l'humanité, les fermes-usines et l'aquaponie dispendieuse en énergie. Contre la mort de l'homme, le transhumanisme pour conserver la mémoire humaine dans des ordinateurs et ainsi faire perdurer un esprit humain pour l'éternité.
De la science-fiction? Non des projets que n'importe qui jugerait abérrants et nocifs. Pourquoi des scientifiques souvent très éminents se jettent dans de tels projets insensés? Pour la raison que l'homme a rêvé à travers cette idéologie du progrès depuis deux siècles et que l'on ne sort pas facilement d'un rêve. Que l'on préfère parfois se rendormir pour retrouver ce rêve plutôt que d'utiliser des solutions simples mais non technologiques qui nécessitent seulement de changer de mode de vie et surtout d'horizon rêvé. Et cela c'est souvent le plus dur. Il ne faut donc pas renoncer aux progrès technologiques mais les remettre au service du bien-être humain, ne plus les considérer comme une fin en soi, et encore moins comme la source de tout. Les progrès technologiques doivent nous permettre de mieux vivre, c'est tout mais c'est déjà beaucoup.
la croissance, une idée criticable.
Et pourtant la croissance n'est au départ ni une idéologie, ni une vision du monde, ni même un rêve, c'est même juste l'inverse d'un rêve : un indicateur économique. Elle se définit comme : "l'augmentation de la production de biens et de services". Pour faire simple, si une année un boulanger produit 100 baguettes et que l'année d'après il en produit 110, il vivra une croissance magnifique de 10%.
Comme on est en économie, on ne mesure pas la croissance en baguettes mais en fonction de leur prix c'est-à-dire en euros ou en dollars. A l'échelle d'un pays c'est le PNB ou PIB. C'est là un premier problème : la croissance ne mesure pas le nombre de baguettes en plus de notre boulanger mais le prix global de vente de ces dites baguettes. Sa croissance de 10% en un an peut donc avoir deux causes et deux valeurs différentes pour la société. Il a pu produire 10 baguettes de plus en les vendant toujours au même prix ce qui est positif et a permis de nourrir plus de monde. Il a aussi pu augmenter de 10% le prix de chaque baguette sans en produire aucune de plus. Au niveau social, il n'a nourri personne en plus et l'augmentation de prix a peut-être même empêché les plus pauvres de ses clients de s'acheter une baguette. La première croissance peut être positive (à condition que ces baguettes aient été nécessaires et non gaspillées) alors que la seconde est négative pour la société. Elle n'est positive que pour le boulanger à court terme car il a gagné plus sans travailler davantage. A long terme, elle est vraisemblament négative aussi pour lui car soit il peut perdre des clients, soit les commerçants voisins risquent de lui vendre eux aussi plus chers leurs produits (inflation) et son pouvoir d'achat et son bien-être seront donc inchangés.
La croissance ne peut-donc être positive que quand elle est l'augmentation de productions de biens et de services réels et non simplement de leurs valeurs. Reste encore à savoir de quels biens et services il s'agit. Si une entreprise ne produit pas des baguettes de pain mais des armes par exemple, il est évident que la croissance de cette entreprise n'est pas une source de mieux-être pour les populations mais au contraire une source de mal-être voire de mort. La croissance n'est donc pas fondamentalement positive. Le très regretté Bernard Maris prenait un exemple confondant. Imaginons deux pays en tous points identiques à une différence près : dans le premier, il n'y aucun accident de la route ; dans l'autre, les accidents de la route sont très fréquents. Il est évident que l'on vit mieux dans le premier puisqu'on n'y meurt pas à chaque tournant et qu'on peut se promener sans risque. En terme de PIB et de croissance, le pays positif est pourtant le second car il faut produire des voitures pour remplacer les accidentées, il faut refaire routes et équipements de la voirie, il faut soigner les blessés, enterrer les morts... La croissance est donc beaucoup plus forte dans le pays où l'on meurt au volant que dans celui où l'on peut vivre et se promener en toute insouciance.
La croissance ne peut donc être positive que si elle est celle de produits ou de services et non de leurs valeurs et que si ces produits ou services sont nécessaires et apportent du bien-être. Il reste encore un problème de taille pour cette croissance. Si l'on revient à notre boulanger de village, sa croissance est limitée. En effet, s'il produit plus de baguettes que nécessaires dans le village, c'est du gaspillage : baguettes jetées, farine, eau, énergie consommées pour rien. Dans notre mesure de la croissance par les PIB et PNB, on ne comptabilise ni les ressources consommées, ni le gaspillage : s'il produit 10% de baguettes en plus une année mais qu'il jette ses baguettes ou que ses clients les jettent à la maison, sa croissance reste de 10% même si tout a été inutile. L'autre limite ne vient pas de la population mais des ressources. Quand le blé, l'eau, ou l'énergie disponibles dans le village sont consommés, la croissance de notre boulanger est limitée. A l'échelle de ce village, pas de problème , on achète ailleurs. Mais notre village c'est la Terre, pas d'ailleurs et des ressources limitées. C'est le dernier problème de cette croissance, elle porte en elle la consommation des ressources disponibles et limitées de notre planète et est donc dès l'origine une idée vouée à sa perte, une impasse.
Naissance d'une idéologie : la croissance
La Reconstruction : épisode fondateur de l'idéologie de croissance.
La seconde guerre mondiale laisse aussi l'Europe, le Japon et l'URSS détruits et leurs économies exsangues. Il faut donc reconstruire et pour cela, produire beaucoup, vite et de tout. Produire pour bâtir, produire pour nourrir. Au toujours plus vite du progrès technique succède le toujours plus de la croissance. L'augmentation de la production de biens et de services n'est pas alors une idéologie, c'est simplement une nécessité. Et ça marche! La reconstruction est rapide : elle est achevée en moins de 10 ans en Europe et le Japon détruit en 45 achève sa reconstruction en 1951 : 6 ans pour effacer la guerre. La croissance liée à la reconstruction apparait alors comme un miracle et surtout comme un mieux-être. On passe des privations de la guerre et du rationnement à une alimentation jusque-là jamais connue dès le début des années 1960 avec la démocratisation de la viande que traduit le langage : on ne gagne plus "sa croûte ou son pain" mais carrément "son bifteck". C'est cet épisode fondateur de la reconstruction qui fait de la croissance une source de bien-être, d'un bien-être alors nécessaire.
La croissance comme nouvel horizon.
A côté de ce miracle de la reconstruction, l'après-guerre est aussi politiquement favorable à l'apparition d'une nouvelle idéologie car c'est un moment de flottement : on panse ses plaies et on pense demain. Les années Trente et la guerre n'avaient laissé que deux engagements : contre le nazisme ou pour le nazisme. La guerre solde le débat mais laisse le monde sans idée force, sans engagement. L'idéologie de la croissance va se développer dans ce vide comme une manière de penser demain sur le modèle de l'aujourd'hui d'alors, la reconstruction. Pour les pays touchés économiquement, croître c'est guérir et effacer la guerre. C'est d'ailleurs plus vrai pour deux d'entre-eux comme la RFA et le Japon. Reconnus coupables de la guerre, ils n'ont plus de puissance militaire ni d'industrie militaire. Ils se jettent donc dans la guerre économique de la croissance avec la même énergie que dans la guerre classique auparavant. L'URSS voit aussi dans sa reconstruction une manifestation de la ferveur socialiste : le stakhanovisme, l'effort vers une production toujours plus intense, remplace dans les mines et les usines la "grande guerre patriotique".
La France se jette, elle, à corps perdu dans la croissance pour tourner le dos à ses blessures narcissiques : la guerre, la défaite et la collaboration qui s'ensuit mais aussi la décolonisation qui fait disparaître l'empire et redonne au pays la forme mais surtout la taille d'un petit hexagone. Croître économiquement permet de faire accepter cette décroissance politique du pays. La politique de "grandeur de de Gaulle" n'est pas autre chose : la perte progressive de l'empire se fait oublier à coups de TGV, de Concorde et de nucléaire.
Quant aux Etats-Unis, leur économie n'a pas subi de véritables dommages. Au contraire, le grand mouvement du Victory programm, la production d'armes pour la guerre, a montré aux industriels qu'on pouvait toujours produire plus vite et plus. Elle a permis aussi de donner une place positive aux industriels et à l'économie. Auparavant, la culture américaine était centrée sur l'image du pionnier, c'est-à-dire du petit agriculteur qui transforme la nature en champ sur la frontière. L'industrie, l'économie capitaliste, la finance avaient jusqu'alors une image négative surtout depuis la crise de 1929 qui avait ruiné les paysans américains et entrainé leur expropriation. Le New Deal de Roosevelt ( le programme anti-crise) s'est poursuivi dans la guerre avec le Victory Programm. Basés tous deux sur une croissance de la production, ils ont donné aux milieux d'affaires un visage positif et à la croissance une image bénéfique. Les Etats-Unis trouvent ainsi le dieu central de leur propre religion qui va se développer au cours des années 1960 : l'American way of life. Ce modèle centré sur une croissance apportant du mieux-être va être mis en avant dans l'après-guerre et la guerre froide. Les Etats-Unis ont gagné la guerre avec l'URSS, il leur faut maintenant prendre la première place dans le monde et cela se fera dans la guerre économique car la guerre froide s'avère trop dangereuse et sans issue positive après la crise de Cuba qui en 1962 a risqué d'entrainer le monde dans un conflit nucléaire.
La croissance apparait donc comme un nouvel horizon qui permet de tourner le dos au passé et de se trouver un nouvel engagement, un nouvel espoir.
Croissance et mieux-être pendant les Trente Glorieuses : une fausse lecture.
Pour tous les pays, l'augmentation de la production de biens et de services, la croissance devient donc l'indicateur unique pour savoir si on est sorti de la guerre, si on gagne la suivante, si la population vit bien, si le bien-être s'améliore, si la population est enthousiaste, si son modèle culturel va bien... Elle devient la mesure de tout alors qu'elle n'était qu'un piètre indicateur. Les Trente Glorieuses viennent valider cette place de la croissance. Dans la plupart des pays, ces années sont un moment de forte croissance économique et d'amélioration du bien-être de la population. Cette croissance se trouve être facteur de bien-être car elle vient satisfaire des besoins et en particulier d'équipements : on produit plus pour équiper une population qui n'était pas équipée et une population croissante. La croissance est donc forte et positive : produire des machines à laver pour une population qui n'en avait pas améliore la vie et en particulier celles des femmes. Cet équipement transforme la vie et permet du bien-être : lave-linge, radio, téléphone, et même voiture, TV...
La croissance bénéficie d'une mauvaise lecture du miracle des Trente Glorieuses, celui d'une population grandissante dont les conditions de vie s'améliorent de générations en générations. Au départ, il y a des besoins liés à la guerre et à la reconstruction. La population a besoin d'équipements. Parallèlement, il y a le développement d'un état social grâce à une progression constante des impôts, des cotisations sociales, l'indexation des salaires sur les prix, les lois sociales. Tout cela améliore le niveau de vie et le pouvoir d'achat. Les gens peuvent donc s'équiper ce qui développe la production et donc fait apparaître la croissance. Cette croissance est redistribuée par l'état social permettant encore aux populations de s'équiper et ainsi de suite jusqu'à ce que les besoins sont comblés. Ce n'est donc pas la croissance qui permet cette amélioration du niveau de vie comme on le croit ou comme on le prône trop souvent. Ce qui permet l'amélioration du niveau de vie c'est justement que cette croissance est redistribuée par l'impôt, l'indexation des salaires et la construction de la sécurité sociale. Le miracle des Trente Glorieuses a deux causes : un besoin d'équipement d'une société et la construction d'un état social qui redistribue la richesse. La croissance n'en est qu'une conséquence mais elle est mesurable et a donc souvent pris la première place sur le mode : la croissance forte a permis un mieux-être de la population. Ce dogme de l'idéologie de la croissance est faux : l'augmentation de la production de biens et de services n'a été bénéfique que parce qu'elle a répondu aux besoins d'équipement et car ses fruits ont été redistribués par l'impôt et l'état social.
Ce sont ces trois éléments qui permettent à la croissance de devenir une idéologie. Elle devient source de mieux-être pendant la reconstruction. Elle apparaît comme un horizon dans de nombreux pays laissés sans engagement par la fin de la guerre. Elle est l'indicateur quantifiable pendant les Trente Glorieuses et devient alors synonyme et cause de mieux-être, masquant les véritables causes de cette période avec au premier plan la construction d'un Etat social.
croissance sous assistance et idéologie délétère
Cette idylle originelle entre croissance et bien-être prend fin dans les années 1970. Non pas à cause du choc pétrolier comme on le dit bien souvent mais pour une raison simple : les sociétés occidentales ont fini de s'équiper. Tous les besoins ont été comblés : les ménages sont équipés, la population cesse de croître de manière significative. C'est très positif pour la population qui a atteint un meillleur niveau de vie mais c'est un drame pour la croissance et pour toute une société organisée sur cette croissance : la population ne fait que renouveler l'équipement qu'elle a déjà lorsque celui-ci ne fonctionne plus. Elle consomme moins et la croissance est moins forte ce qui veut simplement dire que la production de biens et de services augmente toujours mais moins vite. Même les nouveautés comme l'ordinateur puis le portable ne génère pas de croissance marquante car ce n'est plus un équipement global.
Cette fin de la croissance dans une société déjà équipée est ce qu'on appelle la crise économique. Ce n'est donc pas une crise conjoncturelle à cause du choc pétrolier mais une véritable crise structurelle : la société est équipée et la croissance forte est donc finie ainsi que tout le modèle économique et social qui s'est construit dessus depuis 1945.
Plutôt que de prendre conscience de cela et de repenser un autre modèle, les pays du nord et leurs entreprises ont tenté de faire survivre la croissance coûte que coûte. Ils l'ont donc mise sous assistance même si celle-ci n'apportait plus de bien être aux populations, et ce, d'autant plus, que les courants néolibéraux ont profité de la crise pour baisser l'état social et la redistribution des fruits de la croissance. Cette croissance forcée depuis la fin des Trente Glorieuses ne sert à rien en terme de mieux-être des populations qui voient leur niveau de vie reculer. Ainsi aux Etats-Unis, le niveau de vie d'un ouvrier qualifié est redevenu le même en 2000 que celui qu'il avait avant la Seconde guerre mondiale. Sur la période 1950-2000, la croissance a été forte puisque le PIB américain a doublé mais en même temps le salaire réel a été divisé par 2. Cette croissance sous assistance ne sert donc à rien en terme de bien-être des populations, mais comment a-t-elle été mise sous assistance et quelles en sont les conséquences?
La croissance "fille de pub".
Pour maintenir la croissance, les pays du nord et leurs industries vont tenter plusieurs voies pour faire consommer, faire produire et donc sauver la croissance. La première par ordre chronologique est la publicité dont le véritable essor est les années 80. Avant il y avait de la réclame, c'est-à-dire une information sur un produit qui si j'ai besoin de ce type de produit va orienter mon choix vers une marque. La publicité ne sert pas à orienter le choix pour satisfaire un besoin mais à créer le désir d'un produit dont on n'a pas besoin. On passe avec la publicité d'une consommation de besoin à une consommation de désir. Je n'ai pas besoin d'un objet mais la publicité me le fait désirer non pas parce qu'il ne serait utile concrètement mais parce qu'il m'est indispensable pour que je devienne ce que la pub me promet. Autrement dit je n'achète pas un pot de Nutella parce qu'il contient de bonnes noisettes (et plein d'huile de palme) mais parce que je veux vivre un bon petit déjeuner calme avec trois enfants sages et blonds qui croquent en souriant de belles tartines dans un joli matin ensoleillé. L'achat par nécessité fait place à l'achat par pulsion. Ainsi la publicité permet de vendre ce qui n'est pas nécessaire ou de renouveler plus vite ce qui est nécessaire, bref à vendre de l'inutile pour créer de la croissance.
"Trop mode ton grille-pain".
Dans cette même volonté de faire consommer une société déjà équipée, l'idée de mode cantonnée jusqu'alors aux vêtements de haute couture sur mesure s'est étendue. D'abord aux autres vêtements en touchant le prêt-à-porter. Avant le prêt-à-porter ne suivait que très peu la mode et n'évoluait que très peu : on rachetait donc un vêtement quand le premier était usé. L'indexation du prêt-à-porter sur la mode de la haute-couture entraine un remplacement plus rapide des vêtements non pas en fonction de l'usure mais de la mode qui change deux fois par an. La fast-fashion n'est que le prolongement numérique de la mode classique.
Cette idée de mode a contaminé d'autres domaines : ameublement, décoration, automobile, portables ... tout ce qui peut revêtir un caractère esthétique. C'est d'ailleurs une des fonctions du design qui ne se limite pas à la recherche louable d'ergonomie de l'objet. Faire évoluer le design d'un objet a pour but de pousser le consommateur à racheter le même objet dans sa nouvelle esthétique même si le précédent fonctionne encore. Un exemple marquant de cette migration de la mode est l'électroménager. Ces outils de cuisine sont purement utilitaires : on ne penserait pas acheter un grille-pain par plaisir et pourtant... Ce même grille-pain n'a techniquement pas du tout changé au cours des trente dernières années et pourtant son design a évolué : on est passé d'un design plutot blanc ou flammé dans les années 90 à l'inévitable inox des années 2000 suivi par un style vintage aux formes rondes et maintenant à des couleurs acidulées. Il va sans le dire que la cuisine ne devant pas être dépareillée c'est tout l'électroménager d'une cuisine qui a pu changer jusqu'à quatre fois en trente ans alors que la seule usure des appareils ne l'aurait fait changer qu'une ou deux fois au maximum.
L'obsolescence programmée.
Accélerer le remplacement des objets par la mode n'est pas la seule solution. Pour qu'un client achète un nouvel objet, il suffit que le précédent s'use vite. C'est le principe de l'obsolescence programmée : vendre des objets dont on a programmé l'usure ou l'obsolescence. Cette idée n'est pas nouvelle : elle a été pensée dès la crise économique de 1929 pour relancer la consommation dans un article américain de 1932 (B. London "Ending the depression through planned obsolescence"). Il existe plusieurs formes d'obsolescence programmée. La première est de concevoir un objet avec une pièce fragile dont on sait la durée de vie et de fonctionnement et de ne pas permettre son remplacement soit par l'inexistence de pièce de rechange, soit parce que l'appareil n'est pas démontable. Apple fut ainsi condamné par la justice américaine car la batterie des 3 premières générations de l'iPod était prévue pour durer 18 mois et qu'il n'existait pas de batterie de remplacement, ce qui fut exigé par la justice ensuite. Toutefois il suffit seulement de proposer les pièces de rechange à un prix élevé pour que cette obsolescence continue : l'acheteur préfère changer l'appareil plutôt que la pièce.
Une autre forme d'obsolescence est plus subtile : elle consiste à faire évoluer à des rythmes différents des produits fonctionnant ensemble. L'exemple le plus simple est celui de l'informatique ou des consoles. A sa sortie, un nouveau modèle de console permet toujours de jouer avec les jeux du précédent modèle sans quoi personne ne l'achèterait puisqu'il a déjà ces jeux. Dans l'année qui suit, les nouveaux jeux du constructeur sont de moins en moins compatibles avec le modèle précédent qui devient obsolète non pas parce qu'il ne fonctionne plus mais parce qu'il n'est volontairement plus compatible avec les nouveaux jeux. Cette dernière forme d'obsolescence est plus subtile car il n'y a pas tromperie volontaire comme dans celui de la panne préparée qui est maintenant interdite juridiquement en France et en Europe. La non-réparabilité reste toutefois permise.
Libre-échange et mondialisation : l'extension du domaine de la croissance.
La dernière façon de faire perdurer la croissance des pays du nord déjà équipés est que leurs entreprises se chargent d'équiper le reste du monde. C'est le rôle des accords de libre-échange passés depuis les années 80 (Gatt, OMC, accords bilatéraux : Asian et ALENA, entre autres...). Leur but avoué et leur seule justification selon leurs promoteurs est de créer de la croissance en ouvrant de nouveaux marchés par la suppression de toutes barrières aux échanges entre les pays. Ainsi les pays du nord pourront vendre aux pays du sud tout l'équipement et les produits qu'ils désirent. C'est cette volonté accompagnée de la diminution du coût du transport maritime qui a fait la mondialisation économique. On a ensuite pu non seulement vendre aux pays du sud quitte à ce qu'ils s'endettent, mais aussi produire chez eux avec leur main d'oeuvre sous-payée quitte à mettre au chômage les ouvriers du nord. Tout cela s'est fait en brûlant des milliards de litres d'hydrocarbures pour le transport et la production dans des pays aux systèmes de production souvent catastrophiques en terme écologique.
Outre ces difficultés sociales et environnementales qu'elle génère cette volonté des pays du nord de continuer à croître en équipant les suds comme ils se sont équipés est impossible. En effet, le mode de vie occidental consomme trop de ressources et cette recherche de croissance est trop dispendieuse comme le montre les calculs d'empreintes écologiques. Si tous les humains vivaient comme un américain, il faudrait 5 planètes, 2.5 pour vivre comme un européen et chose incroyable, il n'y en a qu'une.
Et la divinité devint un monstre.
Tous ces efforts ont été et sont faits pour la croissance, pour maintenir en vie cette idéologie, cette divinité moribonde à qui nous pensions, à tort, tout devoir depuis les Trente Glorieuses. Mais tous ces efforts ne sont que la poursuite d'un rêve impossible : notre société est équipée, nos besoins satisfaits pour l'essentiel. Une croissance à deux chiffres comme en rêvent les économistes à longueur d'éditoriaux ne reviendra pas. Elle n'arrive qu'à un certain stade de développement d'une société qui pour nous est passé et qui ne pourra advenir pour le reste du monde selon les mêmes modalités, faute de ressources.
Tous ces efforts ont de plus un coût énorme surtout pour un résultat voué à la nullité puisque cette croissance forcée n'apporte pas de bien-être supplémentaire. Croissance, consommation, publicité, mode et obsolescence conduisent aussi à une création de déchets dont nos poubelles débordent, à des pollutions de l'eau, de l'air, des sols, et au réchauffement climatique aggravé encore par les transports sur lesquels repose la mondialisation. Enfin, augmenter la production de biens et de services sans que cela se justifie par un réel mieux être c'est gaspiller les ressources pourtant limitées de notre planète, ce qui revient à dépenser dans le superflu d'aujourd'hui l'essentiel de demain.
Tous ces efforts pour la déesse croissance sont donc vains et ce rêve d'une croissance perdue empêche de penser un monde sans croissance ou alors avec une croissance très faible liée à la seule démographie. Or c'est cela qu'il faut faire...
Bien-être et écologie
Retour sur expérience.
La difficulté de construire une idéologie est que les idéologies, on l'a vu, ne se construisent pas consciemment, de manière programmée, mais apparaissent au fur et à mesure des événements à partir d'une idée qui se déforme et se fige pour devenir une vision du monde. Les deux idéologies de progrès et de croissance avaient toutes les deux au départ un même but : améliorer le bien-être humain, but louable s'il en est mais ces deux idéologies ont perdu leur but pour se suffire à elles-même. On n'a plus cherché le progrès ou la croissance pour ce qu'ils pouvaient apporter de positif à l'homme mais pour eux-mêmes et cette recherche aveugle s'est retournée contre le bien-être. Au lieu de regarder la lune, on a regardé le doigt et de si près que le doigt a caché la lune, nous a aveuglé et nous rentre aujourd'hui dans l'oeil jusqu'au coude. Ces deux idéologies ont donc perdu leur but initial, le mieux-être de l'homme, pour ne ne se consacrer qu'au chemin : le progrès ou la croissance. Pour éviter ce problème et avancer en ayant un but et un chemin, il peut être intéressant que but et chemin ne fassent qu'un.
La caractéristique commune à ces deux idéologies est qu'elles sont toutes les deux expansives : elles recherchent le plus et non le bien ou le mieux. Une idéologie cohérente avec la finitude de notre monde et de ses ressources ne doit pas être expansive : elle doit chercher le mieux ou le bien mais pas le plus, sans quoi elle est vouée à l'échec. Cela incite à revenir sur une idée fondamentale de l'idéologie de la croissance : Big is beautifull. On ne doit pas rechercher uniquement la quantité que ce soit dans la production ou même dans la taille de l'unité de production. L'idée d'économie d'échelle est une idée fausse si l'on observe une unité de production dans la globalité car les économies que fera l'entreprise en concentrant la production et en s'aggrandissant se paieront en impacts écologiques, sanitaires, paysagers, humains... comme le montre l'exemple des fermes-usines. Contre cette idée, il est nécessaire de changer d'échelle et de penser au contraire que small is beautifull. Ainsi à l'inverse des fermes-usines, un élevage dans des petites fermes en polyculture avec un élevage au pré et à l'herbe dans un bocage est tout à fait vertueux en termes écologiques, qualitatifs, sanitaires, paysagers, humains, nourriciers et même économiques puisqu'il crée plus d'emplois, de meilleur qualité et mieux rémunérés.
Contre le toujours plus vite de l'idéologie du progrès et son temps linéaire qu' il faut parcourir sans se retourner, l'idée du slow cher au mouvement slowfood et aux slowcities est une idée intéressante : prendre le temps de la qualité, du bien-être contre la vitesse et la quantité. Réintroduire le temps naturel cyclique des saisons comme à travers la saisonnalité d'un panier est aussi un moyen de sortir de la frénésie de la vitesse (Eloge de la saison). C'est la même chose en agriculture : retrouver la durée d'une production, de la croissance d'une plante ou d'une bête quand la technique, l'hydroponie ou les fermes usines ont voulu nier ces durées au profit d'une vitesse rentable.
Enfin les idéologies de progrès et surtout de croissance ont eu une conséquence sociologique importante. Elles ont développé un rapport de concurrence entre les individus : en effet croître dans un monde fini se fait obligatoirement dans une concurrence à l'autre. C'est ce que l'on appelle l'individualisme et qui n'est en fait qu'une concurrence entre les individus, là où ces mêmes individus pourraient coopérer. Ces deux attitudes possibles pour l'individu, concurrence ou coopération, fondent deux sociétés différentes. Dans une société où les individus sont en concurrence, l'autre devient le rival voire l'ennemi, ce qui signifie que le meilleur rapport possible à l'autre est de l'ignorer. On peut aussi le combattre, l'écraser ou plier : bref, que du réjouissant. Dans une société où les individus coopèrent, le pire qu'il puisse arriver entre deux invidus serait qu'ils s'ignorent. Il n'y a donc pas photo entre ces deux sociétés quand le pire de l'une est le meilleur de l'autre. Il faut donc aussi recréer du lien entre les individus à travers les moments de la vie comme dans le cas des amap qui font de l'acte de consommation si impersonnel en grande surface, la première occasion d'une véritable société du lien. Cette recherche du commun et du lien est une des bases du bien-être humain comme le montre par l'absurde une société de consommation individualiste qui ne rend plus heureux les individus esseulés malgré l'augmentation de leur confort matériel.
L'idéologie de la croissance a aussi transformé la notion complexe de bonheur, une des plus compliquées qui soient et qu'elle a adaptée à sa mesure. Pour l'idéologie de la croissance, le bonheur se trouve dans la satisfaction de désirs, créés artificiellement, par l'acquisition des objets qui correspondent à ces désirs, désir d'avoir (je veux cet objet pour être heureux) ou désir d'être (en ayant cet objet je serai ce je veux être). Cette satisfaction de petits désirs par l'achat n'est pas du bonheur mais au mieux une suite de jouissances fugaces qui laissent l'être vide voire morose jusqu'au prochain désir à satisfaire. En effet, dans ce scénario, seul l'achat peut apporter un instant de plaisir, pas la possession de l'objet puisque le désir de cet objet avait été créé artificiellement.
Vers le bien-être écologique.
A ce bonheur de pacotilles, au sens propre, fondé sur la satisfaction de désirs, on peut opposer le véritable bien-être qui vient de la satisfaction de besoins véritables. En effet, un besoin non satisfait est véritablement une source de mal-être. L'idée de bonheur étant plus compliquée, arrêtons-nous au bien être. Quels sont alors les besoins fondamentaux d'un être humain qui, satisfaits, lui apporteront bien-être voire bonheur? Il y a bien évidemment les besoins vitaux évidents qui doivent être satisfaits pour éviter une souffrance et peuvent être source de plaisir (nourriture, logement...). Ensuite l'être humain est un animal social et il est donc nécessaire qu'il soit en lien avec d'autres. Lien et partage, coopération sont des sources de satisfaction importantes et même une nécessité pour vivre bien. Un autre lien, un autre besoin est aussi important et souvent oublié pour que l'individu se sente exister, c'est la culture, au sens large, c'est-à-dire ce qui relie l'homme au monde qui l'entoure et lui permet de le comprendre. En effet, l'incompréhension de son monde ou de sa situation est un motif important de mal-être, de sentiment de rejet et d'intranquillité. C'est cette culture et cette compréhension qui permettent à l'homme d'être acteur de sa vie, de faire des choix et de réaliser des projets ce qui est aussi un motif de satisfaction important. Enfin, l'homme est fondamentalement un animal inséré dans la nature comme nous l'a appris l'écologie en tant que science. Sa sortie de la nature, la rupture de ce lien avec son environnement ou la dégradation de l'environnement dans lequel il vit, sont des motifs de souffrance. Il faut donc retisser le lien à la nature, au temps naturel, aux saisons...
Toutes ces réflexions permettent d'envisager une situation de bien-être que l'on pourrait appeler un bien-être écologique. L'écologie est, à la base, la science qui étudie les relations entre un être vivant, son environnement et les autres êtres vivants. Les divers liens étant, on l'a vu, une condition fondamentale du bien-être, on pourrait s'appuyer sur cette science pour esquisser le bien-être écologique. Le bien-être écologique serait la situation dans laquelle un individu se place dans des relations équilibrées et choisies avec ce qui l'entoure, nature, autres êtres humains, monde, qui lui permettent en même temps de satisfaire ses besoins vitaux par de la coopération. Un tel état pourrait s'approcher du bonheur...