Manger local comme dans une amap est une évidence pour lutter contre les émissions de GES et en premier lieu contre celles de CO2 causées par les transports. Mais comme toutes les évidences, il est bon de les interroger : quelles économies de CO2 sont permises par une alimentation locale?
Chacun connait le chiffre qui revient souvent sur ce sujet des transports alimentaires : un aliment de supermarché parcourt 2400km du producteur au consommateur. Un article récent questionne ce chiffre pour en retrouver la source. S'il peine à la retrouver, il trouve d'autres chiffres tout à fait aussi intéressants. Pour la journaliste Joanna Blythman : ce sont aux Etats-Unis "1 770 km pour un produit alimentaire moyen et 3 540 km pour le chariot moyen européen en 1993". L'organisme environnemental québécois Equiterre cite pour 2004, une distance de 2500 à 4000km pour une produit alimentaire moyen de grande distribution. Un autre chiffre interpelle dans cette même étude : un repas traditionnel anglais émet 650 fois plus de GES s'il est issu de produits importés que de produits locaux. Bref même si le chiffre précis de 2400 km est difficilement sourçable, il en existe de nombreux autres qui montrent que manger local réduit les km parcourus et donc les GES émis par les transports.
Ces chiffres peuvent paraître énormes mais ils sont encore sous-évalués : ils ne tiennent compte que des produits bruts, le plus souvent des fruits et légumes pour les différentes études, alors que l'essentiel de la nourriture consommée en supermarché est transformée voire ultra-transformée et donc les GES émis additionnent ceux des différents ingrédients comme des différentes étapes de transformation et des transports entre chaque.
Une autre manière de chiffrer le coût écologique de ces transports est de quantifier les émissions de CO2 par produits comme l'a fait un article anglais. Les quantités de CO2 émises sont évaluées en kg/kg, c'est à dire le nombre de kg de CO2 par kg de produit. Pour être plus clair, un produit qui a 1/1 signifie que le transport d'1kg de ce produit à émis un kg de CO2. Ainsi un kg de viande de boeuf argentin, tellement à la mode et apporté par avion coute à l'atmosphère 6,33kg de CO2. Des tomates saoudiennes fréquentes en hiver dépensent 1,2 kg de CO2 par kg de tomates toujours par avion. De même des asperges venues à contre saison du Pérou sont à 1,44 kg de CO2 par kg d'asperges. Arrêtons cette liste mais d'autres produits sont cités dans l'article comme le si veggie-fashion-avocat qui en toute saison coûte 0,89 kg de CO2 par kg d'avocat.
Il est donc impératif de manger local pour limiter les transports. Trois transports servent principalement aux transports de marchandises alimentaires : avion, bateau et camion. Paradoxalement en France le train sert peu alors qu'il est le plus écologique. Pour limiter l'avion et le bateau, il faut juste ne pas acheter de produits lointains comme on vient de le voir avec les exemples ci-dessus. Pour limiter le camion c'est-à-dire le transport routier de marchandises, il faut acheter vraiment local mais l'économie de GES devient alors importante. Les transports représentent en effet 14% des GES émis comme le montre le document de haut de page. Le camion, le transport routier de marchandises représente lui 30% des émissions de GES du secteur des transports (voir doc. 1) soit environ 4% du total des émissions de GES. Sur ces transports routiers (voir doc. 2), la part de l'alimentation est la plus importante : 24% à laquelle il faut rajouter la moitié des marchandises groupées c'est-à-dire tous les produits emballés et transportables comme n'importe quel produit. Tout compte fait, les émissions du transport routier dédié à l'alimentation représente donc plus de 1% des 49 gigatonnes de GES émis (en 2010) soit environ 500 millions de tonnes de C02 par an.
Manger local en évitant les produits du bout du monde mais aussi et même surtout en achetant près de chez soi est donc une solution facile pour réduire efficacement l'empreinte carbone de notre alimentation.
Cet article a été utilisé par Urgenci, l'association internationale des Amap pour défendre à l'ONU l'inscription des amap parmi les moyens de lutter contre le changement climatique ODD13 en octobre 2019.